portrait de Christian Bobin
Christian Bobin

Je viens d’apprendre par les nouvelles sur Internet que Christian Bobin est mort, et je dois avouer que c’est un choc.

Je ne le lisais plus guère, mais il y a une quinzaine d’années, alors que je vivais encore à Paris, un de mes amis m’en avait parlé et ce fut alors un coup de foudre ;

Style dépouillé, parfois à la limite de la poésie, les livres de Bobin parlaient de tout et de rien, de l’amour simple et véritable entre un homme et une femme.

Bobin voyait et sentait Dieu partout, sans jamais sombrer dans le prosélytisme ou l’apologétique.

Bobin se contentait d’un rien, se réjouissait de tout. Il menait une carrière d’écrivain hors norme, à la fois chez Gallimard et de microscopiques maisons provinciales.

Nous sommes de nos jours tellement immergés dans un monde glauque, froid, stupide et sans transcendance que Bobin apparaissait comme un messager miraculeux de la spiritualité.

Il ne se rattachait ouvertement à aucun courant, même si l’on sentait sans cesse le souffle fraternel du Christ dans ses écrits.

Frédéric Beigbeder s’était moqué de lui, mais Bobin s’en foutait : loin des ricanements du critique parisien désormais exilé à Biarritz, il a produit une œuvre qui restera, et s’échangera chez tous ceux qui cherchent à retrouver le chemin du Ciel.

Si tu veux écrire des livres, des vrais, sans concessions, va faire un tour dans ses bouquins, va humer sa poésie.

Loin des modes, des magouilles éditoriales, des prix littéraires bidons et des plumitifs ridicules, Bobin passa sa vie au Creusot, fidèle au monde de son enfance.

Tel un bienheureux, il poursuivait sa route comme un personnage d’une chanson de Manset ou d’un roman de Guy de Larigaudie, en solitaire, mais solidaire de tous ceux qui n’ont pas renoncé à vivre autre chose qu’une vie de cloporte mondialisé et décérébré.

Christian Bobin est mort: paix à son âme…