Les agents littéraires, professionnels très peu connus du grand public, ont une image de faiseurs de miracles, de bonnes fées, découvrant un auteur et lui permettant d’être signé chez Gallimard, chez Flammarion ou chez Grasset sur un coup de fil. Du jour au lendemain, l’heureux élu entrerait grâce à leur intermédiaire dans le panthéon des auteurs de best-sellers.

Image très romantique, qui correspond en fait peu la réalité. Pourquoi ?

La plupart des agents littéraires ne travaillent qu’avec des auteurs déjà publiés. Pour quelle raison ? C’est très simple : un agent littéraire touche environ 15 % des revenus de l’auteur dont il gère les œuvres. Donc 15 % des 10 % que va toucher un auteur de la part de son éditeur représentent 1,5 % des sommes perçues par l’agent.

Cela ne représente pas des montants énormes pour des titres édités à quelques milliers d’exemplaires. Et ça ne devient lucratif que si l’agent travaille avec beaucoup d’auteurs qui vendent peu, ou avec une petite écurie d’écrivains qui vendent beaucoup.

Voilà pourquoi si peu d’agents littéraires prennent le risque d’aller se battre pour le manuscrit d’un inconnu : ils ne vont pas gagner d’argent rapidement.

De plus, légalement, l’agent littéraire ne peut pas demander à faire payer sa prestation : c’est une profession d’intermédiation, payée au pourcentage. C’est la même situation qu’un manager de groupe de rock, de chanteurs ou de comédiens. Et comme il n’existe que peu de produits dérivés d’un roman (vous avez déjà acheté une casquette Christine Angot ou un rouge à lèvres Anne Gavalda ?), l’espérance de gain reste faible.

Il existe dans ce milieu quelques stars, qui alimentent le mythe, directement pompé sur le fonctionnement de l’édition américaine ou anglaise.

Depuis quelques années, le magazine Lire les évoque régulièrement, et cite Susanna Lea, Françoise Samuelson et quelques autres très gros agents.

Vous avez peu d’espoir de les intéresser directement, même si vous pouvez envoyer des manuscrits à Susanna Lea via son agence en ligne. C’est elle notamment qui a découvert Marc Levy, et vendu les droits de son premier roman à Steven Spielberg, avant qu’il ne sorte en librairie : un beau conte de fées, qui ensorcellent bien des auteurs à la recherche d’un éditeur !

Autour d’elle, vous trouverez quelques agents littéraires beaucoup moins médiatisés. J’en ai rencontré certains. J’ai eu des contacts par mail avec des gens sympathiques, mais qui ont souvent un autre métier, parce qu’ils ne peuvent pas vivre uniquement de cette activité d’agent.

Ils viennent généralement de l’édition, ou sont journalistes. Ils peuvent vous aider, mais n’en espérez pas des miracles.
Enfin, il y a la troisième catégorie de ceux qui s’intitulent agents littéraires, les indélicats qui passent des annonces sur Internet et dans certains journaux, et vous proposent une prestation (relecture, fiche lecture…) sans garantie réelle de vous placer dans une maison d’édition. Fuyez-les, ne payez pas !